Louis-Philippe Mathurin | 29 octobre 2019
Nergica est un centre de recherche appliquée qui stimule l’innovation en matière d’énergies renouvelables à travers des activités de recherche, d’aide technique, de transfert technologique et d’accompagnement aux entreprises et aux collectivités. L’institut détient et opère un microréseau multisources intégrant notamment une centrale thermique, des sources d’énergies renouvelables et des technologies de stockage. Ce laboratoire grandeur nature leur permet de mener à bien leurs travaux de recherche, de développement et de démonstration (Nergica, 2019). Nergica organise aussi des conférences, dont Rendez-vous sur l’électrification 4.0 où l’équipe de Poly-Monde a participé. Cette conférence a convié les acteurs de la transition énergétique à une journée d'échange et de réseautage. Le coup d’envoi a été donné par un panel d’experts posant leurs regards éclairés sur la transition énergétique du Québec.
Transition énergétique au Québec: un tour d’horizon
Le gouvernement du Québec a récemment entrepris une démarche devant mener à l’élaboration du Plan d’électrification et de changements climatiques 2030.
Devant cette annonce, Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, souligne que le gouvernement du Québec ne devrait pas utiliser l'électrification comme un objectif, mais plutôt comme un moyen. Considérant que ça fait 50 ans qu’on électrifie le Québec, il avoue avoir de la difficulté avec ce “buzzword” et insiste sur la sensibilisation et l’introduction d’incitatif économique comme pilier de cette transition énergétique.
D’ailleurs, M. Pineau croit que le gel des tarifs d’électricité d’Hydro-Québec prévus dans le projet de loi 34 est un obstacle et contribue à bâtir un monde complètement déconnecté de la réalité. En effet, au lieu d’avancer vers des tarifs plus intelligents et d’amener les consommateurs à faire de bons choix en transport et bâtiment, on se dirige vers un gel de tarifs. D’autre part, concernant l'électrification des transports, l’expert ajoute que le réel problème n’est pas le manque de véhicules électrique, mais plutôt la surabondance de VUS. En effet, depuis environ 7 ans que les Québécois achètent plus de VUS que l’année précédente démontrant une surconsommation inutile, qui carbure l’industrie pétrolière.
Alexandre Beaudet, gestionnaire des programmes d’innovation d’InnovÉÉ appuie les solutions de sensibilisation et d’incitatif économique de M. Pineau. Effectivement, M. Beaudet argumente en expliquant que les véhicules électriques peuvent contribuer au réseau en étant utilisés comme source d’énergie en stockant de l’énergie ou en la distribuant au réseau durant des périodes de pointes. Ce phénomène est mieux connu sous le nom de Vehicule-to-grid (V2G). Par contre, cette technologie peut dégrader la batterie, d’où l’importance de sensibiliser les consommateurs aux enjeux et de lui offrir des incitatifs économiques. Le panéliste ajoute même qu’il devrait y avoir des désincitatif sur l’achat de véhicule à essence.
Les véhicules lourds sont eux aussi en constante évolution; depuis 1990, ces derniers ont augmenté de 171%. D’ailleurs, le transport est responsable de 43% des GES et 12% de ceux-ci proviennent des véhicules lourds. Considérant ces faits, Patrick Gervais, vice-président chez Lion électrique, soutient que le modèle d’affaires doit être revu pour favoriser l’électrification. Le même discours revient lorsqu’il affirme qu’un des principaux enjeux de cette transition est le manque d’éducation afin de démystifier plusieurs mythes.
Pour le directeur en intégration des nouvelles énergies d’Hydro-Québec, Alain Sayegh, l'électrification comporte un défi de transition puisque les exigences des communautés en matière d’électrification changent constamment. Il met l’accent qu’un des désavantages des nouvelles technologies est qu'elles entrainent la surconsommation.
Références
Nergica. (2019). Nergica - Recherche et innovation en énergie renouvelables. Tiré de https://nergica.com/