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WSP

Philippe Bourbeau-Allard, Mégane Simard-Lebel, Raphaël Landry et Catherine Dumas | 10 février 2020


WSP est une firme de génie-conseil internationale issue de l’acquisition de l’entreprise londonienne éponyme par Genivar en 2012.

WSP ne cesse de croître au rythme de ses nouvelles acquisitions. Elle oeuvre dans les domaines de l’énergie, du transport, de l’environnement et des infrastructures, pour n’en nommer quelques-uns, et compte maintenant près de 50 000 employés répartis dans 40 pays.

Dans le cadre d’une journée de conférences au siège social à Montréal, l’équipe a rencontré quelques-uns de leurs experts en génie énergétique, côtier et nordique, en plus d’un représentant de l’industrie pétrolière canadienne. Ces entretiens ont permis de couvrir nos trois secteurs industriels à l’étude.

L’énergie au Canada

Dans un premier temps, un portrait global du secteur de l’énergie au Canada a été présenté par M. Vincent Mercier accompagné de M. Jean-Maurice, tous deux membres de la direction dans le secteur de l’énergie chez WSP. Le Canada étant le 7e producteur et 3e exportateur d’énergie au monde, il est intéressant de mieux comprendre les attributs des différentes sources d’énergie, ainsi que leurs impacts en termes d’émission de gaz à effet de serre (GES).

Présentement, la production d’hydrocarbures, d’uranium, de gaz naturel et d’électricité est en croissance au Canada. Cette croissance peut être expliquée entre autres par une remarquable consommation d’électricité par habitant. Toutefois, elle voit à décroitre dans les prochaines années. Il est à noter que la production de charbon est en forte décroissance et sa disparition est projetée dans quelques années.

Pour ce qui est de la production d’électricité, le secteur éolien et solaire est en plein essor. Leur popularité auprès des citoyens reposent en partie sur le fait que ce sont des énergies dites renouvelables. Selon l’entreprise, une analyse considérant le cycle de vie complet des sources d’électricité se doit d’être adressée dans cette situation. En effet, la production d’électricité provenant des énergies éolienne et solaire a un plus grand impact que celle tirée du nucléaire et de l’hydroélectricité en termes d’émission de GES. Cet impact est justifié par leur construction nécessitant des matériaux polluants, leur importante dépendance aux facteurs naturels diminuant leur efficacité à long terme et leur faible durée de vie.

Au Québec, le prix de l’électricité étant particulièrement bas, les citoyens ont tendance à être moins soucieux de leur consommation quotidienne, ce qui la rend considérable. Cette philosophie mène à un certain détachement de la part de la société sur l’importance et les avantages d’amener le développement d’infrastructures durables et efficaces énergétiquement.

Le génie maritime : de l’eau à la terre

En deuxième lieu, M. Nicolas Guillemette, gestionnaire national du génie maritime et côtier, a présenté l’expertise du génie maritime chez WSP. Pour la multinationale, cette discipline se divise en trois sous-sections: le génie côtier, les infrastructures marines et portuaires ainsi que la planification portuaire. Le génie maritime est donc le pont entre la structure, la géotechnique, l’hydraulique et l’environnement.

Avec un risque d’inondation côtière qui doublera en raison de la montée des océans, WSP se positionne comme leader mondial en service-conseil dans l’expertise du génie côtier. Cette discipline permet de bien comprendre l’impact des milieux aquatiques sur les berges à l’aide de modélisations. Pour ce faire, WSP s’assure d’avoir un maximum de données sur les milieux étudiés en procédant parfois eux-même à la collecte d’information en rivière, en lac et en mer avec leur propre embarcation. La multinationale peut donc offrir des services-conseils au niveau de la protection des berges contre l’érosion, de la gestion des risques d’inondation ainsi qu’au niveau de l’optimisation des chenaux de navigation.

Pour compléter l’offre au client, WSP fournit également des services de conception en structure marine et portuaire. À la suite de l’établissement des exigences et des spécificités du site par les ingénieurs côtiers, les ingénieurs en structure marine et portuaire entrent en scène. Ils possèdent l’expérience technique nécessaire à la construction de structure d’envergure et sujette à de grande contrainte tel que la construction du complexe Palm Jumeirah aux Émirats arabes unis.

La planification portuaire est la dernière sous-section du génie maritime pour WSP. Il s’agit de l’ensemble des opérations portuaires. Ceci inclut non seulement les ports et leur division, mais également la gestion du transport des marchandises qui arrivent au port.

WSP est donc présente dans toutes les sphères du génie maritime en offrant des services de l’eau à la terre. La multinationale peut subvenir au besoin du client à partir de la compréhension du milieu hydrique jusqu’à la logistique des transports maritimes.

Le génie nordique : les défis du pergélisol

WSP développe une expertise en génie nordique pour les différents projets d’ingénierie dans le Nord canadien. Dans le cadre de cette troisième conférence, Shervin Rahimi, PhD, ingénieur junior, a présenté l’aspect du génie nordique dans le domaine industriel.

La présence de pergélisol dans le Grand Nord canadien influence de façon critique le développement des infrastructures. Le réchauffement climatique provoque la fonte du pergélisol, ce qui cause de nombreux problèmes géotechniques sous les ouvrages existants. Ainsi, les dégradations dues au pergélisol dans l’ensemble des communautés nordiques sont des enjeux d’actualité.

Les sols gelés dépendent fortement de la stabilité du climat. Le déséquilibre de celui-ci a pour conséquence de diminuer la rigidité des terres. Plusieurs déformations importantes apparaissent chaque année sur les ouvrages routiers et les bâtiments des communautés nordiques. De plus, la complexité de détecter le pergélisol est un défi d’importance lors de la mise en place d’une infrastructure dans les secteurs situés dans les zones de pergélisol discontinues.

M. Rahimi a également abordé les enjeux de la précipitation et de la fonte des neiges dans le Nord canadien. La neige comporte des caractéristiques isolantes pour le sol et empêche l'extraction de la chaleur du sol durant l'hiver, ce qui est nécessaire au maintien du pergélisol. Ainsi, l'eau de ruissellement produit par la fonte de la couche de neige intensifie son dégel.

La fonte du pergélisol produit des dommages importants dans les infrastructures routières. Plusieurs routes présentent des soulèvements et des fissures importantes, en plus de présenter un risque accru de glissement de terrain. Les ouvrages existants, comme les pistes des aéroports, rencontrent des problèmes de stabilité majeurs.

WSP utilise les méthodes et les technologies récentes dans ces projets afin de conserver la température du sol stable. Par exemple, avec l'aide de thermosiphons, les nouveaux ouvrages et les infrastructures sont conçus de façon à minimiser leur dépendance aux variations de température de la surface du sol. L'analyse thermique permet d'évaluer l'efficacité des méthodes utilisées pour la mitigation de la dégradation du pergélisol et optimiser le coût de projets. D’ailleurs, les prix de construction y sont 2 à 3 fois plus élevés que les ouvrages en milieu urbain. Le transport des matériaux se fait par voie aérienne ou maritime. Les défis de construction en milieu nordique sont nombreux. En conséquence, une erreur de livraison peut occasionner des retards de plusieurs mois, voire une année, sur un projet.

Le pétrole canadien, une ressource enclavée

La journée a été clôturée par M. Alex Surca de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) qui a dressé le portrait de l’industrie pétrolière au Canada. L’organisation cherche entre autres à élargir l’accès du pétrole canadien au marché international et à créer les conditions financières, économiques et réglementaires propices à la croissance de l’industrie. À l’heure actuelle, le Canada est le cinquième producteur mondial de pétrole ainsi que de gaz naturel, mais en possède la troisième plus grande réserve sur son territoire, notamment dans les sables bitumineux. Le secteur emploie environ 528 000 travailleurs au Canada et 18 000 au Québec.

Contrairement à la Norvège, où l’industrie pétrolière est majoritairement publique, le tableau canadien est caractérisé par une multitude d’acteurs aux intérêts parfois divergents, et ce, même au sein de l’ACPP. Il semble pourtant unanime que le pétrole canadien est enclavé et que les producteurs peinent à exporter leurs surplus. Ceux-ci attendent donc avec impatience la complétion des infrastructures de transport comme les oléoducs Keystone XL (vers les États-Unis) et Trans Mountain (vers les marchés internationaux par la Colombie-Britannique). Les marchés indien et chinois sont particulièrement intéressants; leur demande énergétique continuera de croître des années durant.

Du côté québécois, les membres de l’ACPP espèrent que le projet Énergie Saguenay ira de l’avant. Le projet inclut un gazoduc de la frontière du Québec avec l’Ontario à Saguenay, où se situera, en plus, une usine de liquéfaction de gaz naturel. S’il est achevé comme prévu en 2025, Énergie Saguenay permettra aux producteurs de gaz naturel albertains d’accéder à divers marchés d’exportation. Les autres projets de transport ou d’exploitation d’hydrocarbures au Québec, comme Énergie Est, sont en revanche bel et bien morts et enterrés, faute d’acceptabilité sociale.

Remerciements

Nous tenons à remercier les organisateurs de cette journée, Monica Mazur, ingénieure, génie civil et hydraulique, et Jean-François Thibault, coordonnateur au développement des affaires, Énergie, ainsi que les interlocuteurs Vincent Mercier, Jean-Claude Maurice, Nicolas Guillemette, Shervin Rahimi, et Alex Surca.


Références

  • Propos recueillis par l’équipe de Poly-Monde lors de la visite du 10 février 2020.

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